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AMATERASU
4 juillet 2008

la foi

Lorsque je saisis mon cher "Vocabulaire technique et critique de la philosophie" de Lalande, je constate que le mot "foi" possède un sens objectif et un sens subjectif.

Sens objectif :
A : assurance valable et constituant une garantie.
B : fidélité à un engagement ; sincérité (bonne foi).

Sens subjectif :
C : confiance absolue, soit en une personne, soit en une affirmation garantie par un témoignage ou un document sûr.
D : adhésion ferme de l'esprit, subjectivement aussi forte que celle qui constitue la certitude, mais incommunicable par la démonstration.
Ce sens est le plus fréquent. Ce mot est alors opposé, d'une façon générale, au savoir. Quand il s'agit spécialement de foi religieuse, le terme usuellement opposé est raison.

On ne s'occupera pas ici de "l'opposition" de la foi et du savoir.
Le point commun à toutes ces définitions du mot "foi", c'est cette "garantie" qu'elle présuppose. Avoir la foi en quelqu'un ou quelque chose c'est avoir la garantie objective ou subjective que nous pouvons y déposer notre confiance absolue.
La foi n'est donc pas que religieuse, on a trop tendance à stigmatiser ce mot, à établir autour de lui trop de connotations aux faits religieux.
La foi est incommunicable par la démonstration nous dit la définition du sens D ; or la démonstration c'est "une déduction destinée à prouver la vérité de sa conclusion en s'appuyant sur des prémisses reconnues ou admises comme vraies." La foi est donc orpheline de la vérité parce que sans aucunes prémisses ni vraies ni fausses. En effet, quand je dis qu'un bouddhiste a la foi en Bouddha, de quoi cela vient-il, est-ce de la pertinence des arguments du Bouddha ou d'une expérience vécue intérieurement et incommunicable? Quand bien même les arguments du Bouddha seraient excellents, ils sont comme tout argument réfutables d'un point de vue ou d'un autre, par conséquent le bouddhiste ne se dit pas qu'il a la foi en Bouddha de par cette perfection didactique, non, il a la foi en Bouddha parce qu'il a expérimenté intérieurement et a vécu des modifications intérieures profondes qui sont incommunicables par la démonstration. De même quand on dit avoir la foi en l'humanité, aucunes prémisses ni vraies ni fausses ne peut justifier de cette foi en une humanité qui à la fois utilise la bombe atomique et à la fois crée de somptueux jardins suspendus, qu'est-ce qui justifie que l'on donne une confiance absolue à un être aussi imprévisible que l'être humain ? Quelle prémisse pourrait rendre compte de cette confiance absolue, quelle démonstration pourrait expliquer méthodiquement ce comportement d'un homme qui a foi en l'humanité ? Peut-être parce que cet homme sait au plus profond de lui-même qu'il y a une part irréductible de "bon" dans chaque homme, il en est fondamentalement certain, mais comment le prouver à l'aide d'une démonstration ? Nous voyons donc que la foi est un ressenti incommunicable, indémontrable.
D'où je reviens à un précédent article qui voulait abolir la dernière catégorisation chez Héraclite qui est celle du vrai et du faux, en effet, nous distinguons bien que la foi permet de passer outre la constitution d'une somme de prémisses et de démonstrations, de passer outre la vérité communicable, la foi est cette capacité à abolir toute catégorisation, toute distinction, j'ai foi en l'humanité, ce que je dis là n'est en rien basé sur un raisonnement de type logique et argumentatif, il est ce point intérieur qui me fait dire que j'ai une confiance absolue en l'humanité. Cela est vrai pour moi, mais également pour d'innombrables autres humains qui partagent cette foi, sans que pour autant nous ayons communiqué à quelque moment que ce fût. Avoir la foi en quelqu'un ou quelque chose n'est donc pas une abomination religieuse, c'est un fondement irréfutable de l'être humain, c'est le fondement premier de l'être humain.

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