Symphonie n°1 Premier mouvement : Sillon
Musique en silence et la gorge et le puits qui
ébruitent
Et rires nos rires en pleurent mais musique dis-je
musique
Et combien nuages allés et combien de bras tendus
Au bas du trou fait de pierres de mortier et de
pierres lourdes
Combien d’ombres selon la course la seule la ligne
du soleil
Musique dis-je et musique tombante des cieux fine de
chagrin
Et rires nos rires l’enfant a de cette présence à
chaque seconde
Orchestre rose et beau roses en poussées de chairs
en boutons de printemps
Ne t’endors pas ne gémis qu’à peine et à regrets ne
larmoie qu’en un lieu contreventé
Orchestre de syllabes et sirènes accompagnées de
foulques noires qui plongent
Et entament le ciel d’en bas la flaque où l’on n’y
voit que remous et tornades
Lunes aux sourires de démons et moi et la terre et
grande lumière et grand œil
Seulement notes seulement papiers chiffons de voix
seulement l’air expulsé
Lunes aux sourires de démons et toi qui croise la
section du grand travesti
Fleuve des pensées coulées sans fin des miroirs neufs
et nus chaque fois
Lunes en vos mémoires de beauté j’accorde une danse
à l’âme d’aujourd’hui
Un jaillissement d’eau de cristal jeté aux rayons
diurnes je vous laisse maîtresses
Voix de sacre sous un train de poussières d’or l’on
se noie de papillons charmants
Et sûrs de l’abri sûrs des ténèbres du jardin sûrs l’on
se noie étincelles dormantes
Voie de chanvre de cocotiers en admiration voie de
garage où l’on se dit vivants
Et sûrs de l’abri sûrs des ténèbres de demain sûrs l’on
se noie sans rien pouvoir
Et la peau de mille olives à mes lèvres joie de
citron
Et la peau vibre le soleil tape le monde en hypnose
Et la peau vibre et aveugle la pupille lancée vers
toi
Pas à pas rien à dire à prononcer juste le silence
des marches
Juste le franchissement lent et accompli
Pas à pas un regard ouvert explosif plein de vie et
d’orgueil
Juste dénoncer fiévreux la fin toute proche du son
des pas
Qu’est-ce ? des mains des châtaignes de l’espérance
sur l’hiver
Qu’est-ce ? des tintements dans le bois ou un
chant de vignes
Qu’est-ce ? non décidément ce n’est rien que l’écho
du passé
C’est une folie passagère une ardoise volée au toit
Un chagrin de moineau sautant de mésange pleureuse
C’est une folie messagère une ardoise en morceaux
Comme des lignes de craie dans la nuit comme un
sentier de grains
Me voilà du noir me voilà des ruines jouant des
coudes
Et des petites montagnes d’argile sortent des cordes
une lyre et le cœur
Comme les points chétifs d’une toile lointaine des
violons de cire
Des bougies un royaume et mille couronnes de reines
et de rois
Et comme ceci comme sorcier je viens des brumes
poser ma main
Me voilà du noir me voilà des ruines au galop et
fumant
Et des petites collines tressautant une furie
terrasse et martèle
De pluie d’acide et de tout ce qu’il faudra pour aimer au-delà de tous temps